Challenge UTAC

Prix spécial du jury pour des élèves du Cnam

23 juin 2025

© Photos : Marcus Giraud, Amélie Danlos.
Le projet a démarré en octobre 2024 pour s’achever le 22 mai 2025. Une expérience valorisante et pleine de défis pour les 13 élèves du Cnam participant au challenge UTAC, compétition internationale annuelle dédiée à l’innovation dans le domaine de la mobilité autonome, durable et plus sûre. L’équipe du Conservatoire a été distinguée pour avoir proposé des solutions qui allaient vers une mobilité plus respectueuse de l'environnement.

Ils s’appellent Sébastien, Aodren, Noah, Nathan, Théo, Corneliu, Victor, Ewen et Eliott. Ils sont en troisième année de la licence générale Sciences pour l’ingénieur du Cnam en partenariat avec le Garac (École nationale des professions de l'automobile). Leurs camarades Ankur, Théo, Adrien et Nicolas sont, eux, en troisième année du cycle d’ingénieur en mécatronique*, parcours Ingénierie des process d’assistance aux véhicules du Cnam, toujours en partenariat avec le Garac. Les deux formations sont en alternance.

Ces 13 élèves ont donc remporté le prix spécial du jury du challenge UTAC** (Union technique de l'automobile, du motocycle et du cycle) dans la catégorie « Free Challenge » : une belle réussite pour une première participation ! Mais comment ont-ils fait et à partir de quoi ?

Dans leur cursus, les élèves de ces deux formations ont pour auxiliaire une voiture acquise par la direction nationale des usages du numérique du Cnam : la Citroën AMI, petite voiture électrique compacte que l’on peut conduire sans permis à partir de 14 ans. Un objet clé de leur scolarité qui permet de tenter des expériences et de mieux s’immerger dans la réalité industrielle. Dans le cadre de leurs études et du challenge UTAC, l’équipe a tenté de trouver des moyens d'améliorer le confort thermique du véhicule. Ils ont fait des mesures dans la soufflerie thermique de l'Institut aérotechnique (IAT) du Cnam, à Saint-Cyr-l'École, et ont analysé le système de ventilation avant d’ajouter des panneaux solaires sur le toit de la voiture. Ils ont réussi à diminuer de 6°C la température dans l'habitacle lorsqu'il fait 35°C dehors. Une performance saluée lors du challenge UTAC, et qui laisse présager de prochaines innovations. En effet, la Citroën AMI va bientôt accueillir son jumeau numérique, représentation virtuelle de l’objet physique. Il pourra être utilisé de la même manière que dans la réalité, mais sans danger pour les expériences les plus délicates et sans avoir besoin d’une accréditation pour les gestes nécessitant une autorisation officielle.

Quid du challenge UTAC

Le challenge UTAC est organisé sous l’égide de la Société des ingénieurs de l’automobile. Il se déroule sur le site des infrastructures d’excellence de l’autodrome de Linas-Montlhéry, en région parisienne. Le challenge UTAC constitue le premier défi européen en environnement réel, où étudiants, startups et experts collaborent pour imaginer les solutions de demain. Il se distingue par ses épreuves techniques variées et son cadre exceptionnel, offrant un véritable terrain de jeu pour l’innovation dans la mobilité. Les participants, qu’ils soient étudiants ou startups visionnaires, ont l’opportunité de tester et démontrer leurs projets dans des conditions proches de la réalité. Une collaboration qui favorise la création de solutions à la fois audacieuses et applicables aux enjeux actuels de l’industrie.

3 QUESTIONS À AMÉLIE DANLOS, MAÎTRE DE CONFÉRENCES AU CNAM EN ÉNERGÉTIQUE, ACCOMPAGNATRICE ET TUTRICE DES ÉLÈVES QUI ONT PARTICIPÉ AU CHALLENGE UTAC

Amélie Danlos, maître de conférences au CnamC'est une première : pourquoi avoir choisi de participer au challenge UTAC ?

Depuis plusieurs années, les élèves de la formation d’ingénieur en mécatronique Cnam-Garac mènent des projets d’innovation au laboratoire d’ingénierie des fluides et systèmes énergétiques (LIFSE) pour découvrir l’univers des projets de recherche ou de développement technologique et apprendre à mener des projets collaboratifs. Ce challenge UTAC est un événement de référence dans le domaine de l’innovation automobile. Ce type de compétition permet aux étudiants d’avoir des objectifs bien identifiés à atteindre, parfois plus clairs que ceux proposés sur un projet pédagogique plus classique.
Depuis 4 ans, nous travaillons au laboratoire LIFSE sur un projet financé par l’ADEME (agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) pour concevoir un compresseur innovant de climatisation adapté aux petits véhicules électriques urbains, sans permis, qui sont de plus en plus adoptés par les jeunes (ces véhicules peuvent être conduits à partir de 14 ans). Ce projet de recherche (Ecolocar), mené en partenariat avec Valeo qui coordonne le projet mais aussi d’autres laboratoires, est à l’intersection parfaite entre les tout derniers développements technologiques et les préoccupations environnementales actuelles des étudiants. J’ai donc proposé de travailler sur la thématique du confort thermique, mais ce sont les étudiants qui ont décidé d’ajouter des panneaux solaires sur le toit pour récupérer une énergie additionnelle ; ils ont complètement adhéré à l’idée initiale mais se sont approprié le défi. Je ne pense pas que cela aurait pu être le cas avec un projet en laboratoire. Ce challenge UTAC a donc permis aux étudiants de travailler sur une problématique à la croisée des enjeux techniques, énergétiques et environnementaux, une préoccupation majeure de l’industrie automobile. Participer à ce concours, c’était aussi donner de la visibilité à un projet concret, réalisé en lien avec des partenaires académiques et professionnels, et montrer que nos étudiants sont capables d’apporter des solutions innovantes à des défis bien réels.

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Quelle est la valeur ajoutée pour vos élèves de participer à cette compétition ?

Participer à une compétition comme le challenge UTAC permet aux étudiants de vivre une expérience unique, bien au-delà des cours classiques. Ils doivent concevoir un prototype, planifier, expérimenter, collaborer… et surtout s’adapter aux imprévus, comme dans un vrai projet industriel ou un projet de recherche. Cette mise en situation réelle favorise le travail en équipe et la prise de responsabilité. On a l’habitude lorsqu’on est enseignant de répéter tout au long d’un projet à des étudiants qu’il faut identifier les différentes tâches à mener, se répartir le travail dans le groupe et faire attention au planning. Seulement, pour ce type de compétition, les choses sont tout de suite très concrètes : un problème qui n’a pas été bien identifié en amont, une casse sans solution de repli et tout le projet est mis en danger. Les étudiants se rendent vite compte que s’ils n’anticipent pas, s’ils ne s’organisent pas, les résultats ne seront pas assurés !
Le fait de présenter ensuite leur projet devant un jury d’experts de l’automobile rend l’aventure plus professionnelle également : ce ne sont pas les enseignants qu’ils connaissent déjà dans leur formation qui vont les évaluer, mais des professionnels exigeants qui assistent également à la présentation des projets d’autres équipes d’étudiants, venues de différentes écoles ou universités. Je pense qu’ils repartent de ce challenge avec des compétences académiques, techniques et humaines supplémentaires, mais aussi avec une grande fierté d’avoir été acteurs d’un projet innovant et concret. Ce type d’expérience complète parfaitement les formations scientifiques, et c’est un levier fort pour former des ingénieurs et techniciens engagés, compétents et conscients des enjeux de demain.
Et on ne va pas se le cacher, les animations proposées par les organisateurs du projet sont une motivation supplémentaire pour les étudiants : ils ont tous profité d’un baptême d’Alpine A110 R sur le superbe anneau de vitesse du circuit de Linas-Montlhéry. Se retrouver dans ce type de véhicule, à 230 km/h, aux côtés d’un pilote professionnel aguerri, c’est une chance unique (que j’ai été ravie de pouvoir partager avec les étudiants) !

Allez-vous renouveler l’expérience ? Ou une autre ?

Oui, très certainement ! Cette première participation a permis de créer une dynamique de groupe forte. Avant même d’avoir assisté à la remise des prix et donc, sans savoir que leur projet avait été remarqué par le jury, les étudiants demandaient s’ils allaient pouvoir participer à la prochaine édition. Le challenge UTAC a également décidé de s’ouvrir à d’autres catégories de projets : matériaux innovants, recyclables, énergie, analyse ce cycle de vie… Le challenge prend un virage environnemental qui correspond bien aux ambitions de nos formations au Cnam, et qui permet de proposer une multitude de nouvelles idées de prototypes ou de concepts.
Mais il y a également d’autres challenges étudiants qui peuvent être intéressants et qui ouvrent d’autres perspectives : des collègues enseignants-chercheurs du campus de Pitesti de l’Université polytechnique de Bucarest, en Roumanie, nous ont proposé de participer à la compétition qu’ils organisent tous les ans : « Kart low cost ». Pour ce challenge, les étudiants doivent concevoir des karts à des prix accessibles et suffisamment rapides pour remporter une course sur circuit. De quoi tester encore la créativité de nos étudiants du Cnam !
En tout cas, cette expérience nous a donné (aux étudiants comme à moi) le goût des défis. Nous espérons donc pouvoir prochainement représenter à nouveau notre établissement sur l’asphalte…

*La mécatronique est la combinaison synergique et systémique de la mécanique, de l’électronique, de l’automatique et de l’informatique en temps réel.
** L’Union technique de l'automobile, du motocycle et du cycle est un groupe privé français fondé en 1945, qui opère dans les domaines de la mobilité terrestre : véhicules légers, poids lourds, véhicules agricoles, véhicules militaires, motocycles et cycles.