Deux enseignants-chercheurs du Cnam nommés membres juniors de l’IUF : épisode 1/2

Portrait de Justin Dirrenberger

16 juillet 2024

Justin Dirrenberger est maître de conférences en métallurgie au Cnam depuis 2013. Habilité à diriger des recherches, il sera membre junior de l’Institut universitaire de France (IUF) à compter du 1er octobre prochain pour une durée de cinq ans.

L’Institut universitaire de France, rattaché au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, est un vivier d'enseignants-chercheurs sélectionnés par un jury international pour la qualité exceptionnelle de leurs recherches. Lorsqu’ils en deviennent membres, ils bénéficient d’une part, d’une dispense de leurs charges d'enseignement, et d’autre part, d'une prime et d'une dotation budgétaire pour mener à bien leurs travaux de recherche, tout en restant en poste dans leur établissement.

Justin Dirrenberger : lauréat au titre de la chaire innovation

Justin Dirrenberger, tout comme Zacharias Amara, maître de conférences HDR au Cnam et lauréat au titre de la chaire fondamentale, a été nommé membre junior de l’IUF le 22 mai dernier.

PhotoJustin Dirrenberger est chercheur en ingénierie des matériaux, rattaché au laboratoire Procédés et ingénierie en mécanique et matériaux (PIMM), et maître de conférences HDR en métallurgie au Conservatoire depuis plus de dix ans. Ingénieur matériaux de l’Université Paris-Saclay, il soutient en 2012 une thèse de doctorat sur la mécanique des matériaux architecturés* à l'École des mines de Paris. Deux ans plus tard, il dirige le projet de recherche DEMOCRITE, financé par la communauté d’universités Hesam, visant à développer la fabrication additive à l'échelle architecturale. En 2015, il confonde XtreeE, une startup qui développe la technologie de fabrication additionnelle à grande échelle pour le secteur de la construction. L’année suivante, il est lauréat d’une bourse Jeune chercheur de l’Agence nationale de la recherche pour développer des matériaux architecturés par traitement laser localisé, et obtient la médaille Jean Rist de la Société française de métallurgie et des matériaux. Enfin, l’année dernière, il fonde une deuxième startup, TETMET, avec l’objectif de rendre les matériaux architecturés accessibles à l’industrie en développant la technologie ASLM**, pour une fabrication frugale, rapide et automatisée.  

Les recherches de Justin Dirrenberger portent sur la morphologie structurale à différentes échelles dans les matériaux et les structures ; elles ont donné lieu à plus de 50 publications scientifiques (articles, ouvrages, brevets). Il est particulièrement impliqué dans la conception, la modélisation, la simulation, l'optimisation et la fabrication des matériaux architecturés, qui résultent de l'alliance nécessaire entre métallurgie, mécanique et géométrie. En effet, l'approche classique de conception des matériaux a été largement perfectionnée par les spécialistes des matériaux, tandis que les ingénieurs optimisent les structures sur le plan géométrique depuis des siècles. Les matériaux architecturés ont pour but de concilier ces deux approches. De nombreuses applications industrielles nécessitent des matériaux aux propriétés physiques améliorées, en particulier dans les secteurs des transports, de la défense ou du biomédical. Les matériaux architecturés sont une classe émergente de matériaux avancés qui offrent de nouvelles possibilités en termes de propriétés, permettant un gain de performance, un allègement des structures et un meilleur impact environnemental.

*Le terme « matériaux architecturés » décrit tout matériau hétérogène qui présente des propriétés spécifiques améliorées en raison d'une morphologie et/ou d'une topologie prédéterminée.    
**Adaptive Spatial Lattice Manufacturing (fabrication adaptative de treillis spatiaux) est un procédé de découpe et d’assemblage robotisé de tiges par laser.

3 QUESTIONS À JUSTIN DIRRENBERGER, MAÎTRE DE CONFÉRENCES HDR EN MÉTALLURGIE AU CNAM ET MEMBRE JUNIOR DE L’INSTITUT UNIVERSITAIRE DE FRANCE

JustinPourquoi avoir candidaté à l’IUF et quelle a été votre réaction quand vous avez appris la bonne nouvelle ?

Je ne m’y attendais pas du tout, c’est un collègue qui m’a écrit pour me féliciter. Il s’agissait d’ailleurs de ma seconde tentative. La première, il y a quelques années, s’était soldée par un échec cuisant, alors que j’avais beaucoup travaillé le projet de recherche. Il est difficile de mener une activité de recherche soutenue tout en s’engageant pleinement dans la pédagogie et les responsabilités administratives. La décharge des deux tiers des enseignements conférée par l’IUF est un privilège qui me fera l’effet d’une bouffée d’oxygène pour les cinq prochaines années.

Quels sont vos objectifs en termes de recherche pour les cinq ans à venir ?

À l’IUF, je suis nommé sur une chaire d’innovation ayant pour objectif de développer une activité de recherche de haut niveau, dont les résultats permettront un transfert technologique vers le monde économique et industriel. Mes recherches portent sur les matériaux architecturés, à différents niveaux : conception, modélisation, fabrication. L’objectif sera d’accentuer ces recherches et d’accélérer leur transfert, notamment à travers la jeune pousse TETMET, que j’ai cofondée en 2023.

Enseigner et transmettre ne vont-ils pas vous manquer pendant cette période ?

De facto, je suis toujours responsable du diplôme d’ingénieur Matériaux en alternance, que j’ai initié au Cnam Paris dès 2017. Cette responsabilité incombera bientôt à mes collègues, mais j’aurai toujours des enseignements à assurer dans ce diplôme, notamment les cours de matériaux composites qui existent aussi en FOAD. Enfin, enseigner et transmettre, c’est aussi ce que nous faisons quotidiennement au laboratoire PIMM avec nos doctorants.