Médiation, sciences, techniques et société

Au Cnam, on s’initie aussi à l’archéologie !

25 juin 2024

Le 4 avril dernier, le Cnam a organisé un atelier archéologie dans le cadre de l’unité d’enseignement Comprendre les sciences et techniques en société : enjeux historiques, défis contemporains et anticipation. Son objectif était double : confronter les apports pluridisciplinaires scientifiques à la recherche en archéologie et faire un trait d’union entre les sociétés du passé et celles d’aujourd’hui à travers le prisme de la médiation.

Nathalie ClémentCette journée s’adressait aux publics du M2 Médiation, sciences, techniques et innovation en société et au Magister Médiation, innovation, culture. Deux formations encadrées par Loïc Petitgirard, professeur des universités en histoire des sciences et des techniques et directeur du laboratoire HT2S au Cnam, et Jean-Claude Ruano-Borbalan, professeur du Cnam, titulaire de la chaire Sciences et techniques en société. L’atelier proprement dit a été conçu et dirigé par Nathalie Clément, archéologue préhistorienne et ingénieure au Cnam.

L’atelier « Archéologie, médiation en société » a permis d’aborder les enjeux de la recherche en archéologie comme socle fondamental à la médiation en sciences et techniques pour la société. L’archéologie qui, étudie les civilisations passées à partir de leurs cultures matérielles, fait intervenir une multitude de disciplines scientifiques : physique, chimie, géologie, biologie, anthropologie, histoire, ethnologie, etc. Ces disciplines concourent non seulement à la restitution des civilisations, mais aussi à la compréhension des procédés, méthodes et techniques qui ont permis de créer, produire et utiliser les artéfacts qui en sont issus.

FouilleCette journée a par ailleurs été l’occasion d’aborder le cadre théorique scientifique en archéologie, avec un focus sur les méthodes et stratégies de recherche en préhistoire (paléolithique supérieur, principalement), les enjeux de valorisation et de diffusion scientifique, de médiation et de vulgarisation, les apports de l’archéologie expérimentale et de l’ethnoarchéologie à la recherche et à la médiation, tout comme les programmes d’archéologie participative.

Journée du 4 avril : une deuxième édition autour d’un bac à sable

L’édition 2024 a intégré une dimension collaborative de l’apprentissage de la pratique de la fouille archéologique sur un chantier reconstitué, appréhendant les différentes facettes du métier d’archéologue (terrain et recherche scientifique) avec la manipulation d’artefacts archéologiques propres à la culture du magdalénien, située entre -17.000 ans et -12.000 ans avant notre ère : outils en silex taillé, propulseurs, sagaies et armatures, amas de débitage, percuteurs, os et bois animal sculptés, vestiges osseux et restes d’un foyer. Afin de reproduire un chantier de fouille, un grand bac à sable a été installé à cette occasion, dans lequel ont été dispersés des objets réalisés à partir de matériaux entièrement recyclés – l’économie de la matière première est une pratique qui existait déjà à la préhistoire !

Fouille 2Cette édition a été particulièrement riche d’échanges, notamment grâce à l’association d’un public de professionnels hétérogène et complémentaire, qui a permis de confronter les différentes formes de pratique professionnelle : des médiateurs scientifiques, une archéologue-médiatrice, une responsable du pôle Sciences, société et transition du centre Cnam Pays de la Loire, des journalistes scientifiques, des professionnels de l’éducation en reconversion (éducation nationale, éducation populaire, enseignement supérieur), d’autres issus de la recherche scientifique désireux de s’investir dans la médiation scientifique et technique, et enfin une stagiaire exerçant son activité dans les sciences participatives.

3 QUESTIONS À DEUX ÉLÈVES DU MASTER MÉDIATION, SCIENCES, TECHNIQUES ET INNOVATION EN SOCIÉTÉ

Cécile DubrocaCécile Dubroca

Votre profil professionnel ?

À 20 ans, je suis rentrée dans le milieu associatif où j’ai été formée par mes pairs bénévoles sur la coordination de projet, de réseau, l’animation de formations, etc. Dans le même temps, étant titulaire du BAFA* depuis mes 17 ans, j’ai passé le BAFD**. J’ai ensuite repris les études en licence professionnelle « intervention sociale » et fait mon alternance dans une maison des jeunes et de la culture (MJC). J’ai ensuite travaillé dans un centre social en coordination de l’accompagnement scolaire pour les 11-15 ans, puis dans un espace jeunes de 14-17 ans en tant qu’animatrice socioculturelle. Je viens de passer trois ans au Cnam en tant que coordinatrice pédagogique.

*Brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur
**Brevet d'aptitude aux fonctions de directeur

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Qu’attendez-vous du master ?

En m’inscrivant au master Médiation des sciences et des techniques en société, j’ai découvert un milieu qui m’était inconnu. Je souhaitais compléter mes domaines de compétences. J’ai fait des études en sciences humaines et sociales, et passer par le biais de la médiation m’a permis d’appréhender de façon beaucoup plus sereine le milieu des sciences et des techniques, alors que je m’y sentais totalement étrangère jusqu’ici. Ce qui me marque, depuis le début de ma formation, ce n’est pas ce que j’attendais du master, mais ce à quoi je ne m’attendais pas. J’ai pu découvrir un sujet d’étude passionnant, le journalisme narratif, dont j'ai fait mon sujet de recherche pour le mémoire de fin d'études. J'ai également pu percevoir des aspects de moi-même que je ne soupçonnais pas.

Que vous a apporté cette journée archéologie, médiation et société ?

J’ai adoré participer à cette journée !
J’ai appris beaucoup de choses sur l’archéologie, qui n’était pour moi jusqu’ici qu’une notion abstraite entre Indiana Jones et Lara Croft. J’ai découvert des éléments concrets de la réalité des terrains de fouille, j’ai pu toucher des cailloux vieux de dizaines de milliers d’années et comprendre comment ils avaient été façonnés en armes ou en outils… Grâce à la pédagogie et la passion de Nathalie Clément, j’ai pu me sentir archéologue moi-même quand j’ai déterré des roches et ossements et qu’elle m’a demandé d’interpréter mes découvertes grâce à ce qu’elle nous avait appris plus tôt. Les échanges et les réflexions avec le groupe sur les pratiques de médiation de cette discipline étaient très riches et m’ont permis de me projeter dans des situations concrètes. La journée m’a permis de comprendre le rôle de l’archéologue dans l’apprentissage des connaissances sur les civilisations disparues, par des recherches, des expérimentations, des hypothèses et l’interprétation des traces qu’elles nous ont laissées.

Michel LecorreMichel Lecorre

Votre profil professionnel ?

Mes premières expériences professionnelles sont celles d’adjoint technique principal de laboratoire en sciences physiques, puis en science de la vie et de la terre dans les lycées. Durant dix-sept ans, elles m’ont apporté des connaissances et des savoir-faire scientifiques et ont contribué à développer ma rigueur d’esprit. Je tenais un rôle pédagogique durant les séances de travaux pratiques auprès des élèves des classes préparatoires aux grandes écoles d’ingénieurs. Responsable technique des TPE (travail personnel encadré) des élèves, je participais à une dynamique d’ingénierie à travers la conception et la mise en œuvre de prototypes ou d’expériences scientifiques. Cette implication m’a permis d’obtenir le baccalauréat en 2007 par la VAE (validation des acquis de l’expérience). En 2011, j’ai été lauréat d’un concours de technicien en médiation scientifique, culturelle et communication. À l’époque, cette réussite m’avait mené à l’université Vincennes-Saint-Denis. Aujourd’hui, je suis médiateur culturel et scientifique au centre des Archives diplomatiques du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Je travaille à La Courneuve, en Seine-Saint-Denis. Je mets en place la nouvelle politique d’actions du ministère vers les publics du territoire. Concrètement, en liaison avec des écoles primaires des villes situées autour du site, j’organise des actions de médiation in situ et hors les murs.

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Qu’attendez-vous du master ?

Le dialogue et les synergies entre la société au sens large et les différents acteurs de la CSTI (culture scientifique, technique et industrielle), y compris en région, sont mes objectifs professionnels depuis près de quinze ans. C’est pour cette raison que je me suis engagé dans cette reprise d’études au Cnam dans le M2 Médiation, sciences, techniques et société. J’attends du master de pouvoir acquérir de nouvelles compétences, de participer à la recherche avec d’autres auditeurs à travers le mémoire que je dois rédiger. Les notions de sciences humaines et sociales développées y sont un réel atout pour bien comprendre les évolutions récentes dans les rapports entre les institutions traditionnelles (musées et écoles, par exemple) et la société civile. Ce master est une formation transversale et interdisciplinaire dans son esprit, ce qui en fait sa richesse et permet à un profil comme le mien de s’y épanouir. C’est aussi un espace de rencontres entre différents parcours, favorisant et développant les échanges. J’attends de ce master qu’il consolide mes appétences pour la « mise en culture de la science » dans un esprit d’égalité et de diversité, qu’il me permette de devenir un professionnel de la diffusion de la culture scientifique, technique et industrielle en devenant chargé de médiation scientifique ou de collection muséale, par exemple.

Que vous a apporté cette journée archéologie, médiation et société ?

J’ai adoré cette journée ! Notre intervenante, Nathalie Clément, était très claire. D'abord, elle a su nous présenter ce qu'est l'archéologie, la préhistoire, à nous les néophytes, et ce en quelques minutes seulement. Nathalie nous a placés dans un contexte de démarche scientifique dès le départ. Son atelier était également très bien adapté à des médiateurs scientifiques. En effet, nous avons été incités à travailler dans un esprit de partage des savoir-faire et des connaissances, en apprenant aussi les uns des autres. Nous avons manipulé des artéfacts comme si nous étions sur un terrain de fouille. Cette expérience m'a donné la réelle envie de mettre sur pied, en partenariat, des ateliers d'archéologie. En plus d'avoir appris quelques notions de bases, à présent je ne regarde plus les silex de la même manière ; je cherche si je ne découvre pas la trace d'un percuteur sur la roche, voire d'une taille. En conclusion, c'était pour moi une formidable journée d'échanges et d'apprentissage.