Portrait de Baraka Hirachi, diplômée du Cnam en 2025
24 novembre 2025
© Vignette : AdobeStock.
Avant de parcourir le portrait de Baraka Hirachi, définissons ce qu’est la radioprotection. Il s’agit de l’ensemble des mesures prises pour protéger les personnes et l’environnement contre les effets nocifs des rayonnements ionisants. Ces rayonnements sont utilisés dans la médecine, la défense, la recherche scientifique ou encore l’industrie électronucléaire. Il existe plusieurs types de rayonnements ionisants (alpha, bêta, gamma) ; ces derniers peuvent provoquer des dommages cellulaires et génétiques, susceptibles d’entraîner des brûlures ou des cancers. Ces effets sur l’organisme dépendent de la dose reçue, de la durée d’exposition et du type de rayonnement. C’est justement pour limiter, voire supprimer ces effets, que la radioprotection est essentielle.
Le parcours ingénieur en radioprotection est composé de nombreuses unités d’enseignement (UE) directement liées à la thématique de la formation : la radioprotection opérationnelle et pratique, la biologie, ou encore la prévention des risques physiques. À cela s’ajoutent des modules, plus proches du droit, comme une initiation à la législation et la réglementation des nuisances environnementales. Enfin, un panel d’UE au choix sont proposées à la fois dans le domaine scientifique, mais également dans un but de manager une équipe ou de piloter un projet : organisation de l’entreprise, nouveaux enjeux de la data, politiques et stratégies économiques dans la mondialisation, etc.
Les 5 compétences clés de l’ingénieur en radioprotection
- Planifier la radioprotection sur site en fonctionnement normal (identifier les risques et dimensionner les moyens de protection, contribuer à une démarche d'optimisation) et en cas d'incident ou d'accident ;
- Conseiller les responsables administratif et technique sur la mise en œuvre des dispositions techniques et réglementaires de radioprotection (protection des professionnels et de la population) ;
- Communiquer en interne et à l'externe sur la gestion des risques dus aux rayonnements ionisants ;
- Assurer ou contribuer à assurer le suivi environnemental de l'installation ;
- Contribuer au développement de nouveaux outils (dosimétrie, méthodes d'analyse, évolution de codes de calcul) et à la radioprotection des patients en lien avec le radiophysicien.
Les prérequis pour intégrer le cycle ingénieur du Cnam en radioprotection
- Être titulaire d’un bac+2 (BTS, DUT, DEUST) scientifique ou technique ;
- Ou réaliser une validation des acquis professionnels et personnels (VAPP) ou une validation des acquis de l'expérience (VAE).
Retour d’expérience…
… avec Baraka Hirachi, ingénieure en radioprotection au Cnam (2025).
Baraka Hirachi a débuté son cycle universitaire par un DUT hygiène-sécurité-environnement, puis avec une licence professionnelle qualité-sécurité-environnement (QSE) à l’université de Colmar. Soucieuse d’approfondir ses connaissances et d’élargir ses perspectives professionnelles, elle a ensuite intégré le master en sûreté des procédés industriels à l’université de Nancy. Deux formations qu’elle a suivies en alternance à la direction régionale nucléaire d’Eiffage Énergie Système (qui conçoit, réalise, exploite et maintient des systèmes et équipements en génies électrique, industriel, climatique et énergétique). Après avoir obtenu son diplôme, Baraka est restée chez Eiffage où elle a pu accéder à un poste de préventeur qualité-sécurité-environnement dans l’optique de garantir la sécurité des salariés. Ses cinq premières années d’expérience dans l’industrie nucléaire lui ont permis de visiter de nombreuses centrales nucléaires, de s’imprégner des exigences techniques et de comprendre, sur le terrain, la complexité de cette industrie. En parallèle, Baraka a suivi une formation de conseiller en radioprotection, un véritable tournant qui a renforcé son envie d’approfondir ses connaissances en sûreté nucléaire et en radioprotection. Une motivation suffisante pour intégrer le cycle d’ingénieur en radioprotection au Cnam (2021) via une validation des études supérieures (VES), ce qui a permis à Baraka de valider plusieurs modules sans avoir à les repasser. Le parcours comprenant des unités d’enseignement obligatoires ainsi qu’un choix de modules complémentaires, elle a choisi le management et la communication pour développer une approche globale du métier d’ingénieur.
Comment avez-vous vécu votre formation d’ingénieur au Cnam : le programme lui-même, la gestion de la vie professionnelle et personnelle ?
Globalement, ma formation s’est très bien déroulée. Le programme était clair et toutes les étapes nécessaires à la validation du diplôme étaient précisées dès le départ. Les horaires de cours étaient connus à l’avance, ce qui m’a permis de bien m’organiser. Petite précision : j’ai débuté ma formation durant la pandémie de Covid-19. Curieusement, cette période si particulière m’a aidée à rester concentrée sur mes études. Entre confinements et couvre-feux successifs, les tentations de sorties étaient limitées. Les soirées entre amis ont été remplacées par des soirées révisions : moins festives, certes, mais beaucoup plus productives ! Concernant les horaires de cours, ils étaient adaptés à mon emploi du temps : en semaine, les cours commençaient à 18h, et certains samedis étaient réservés aux travaux de groupe ou travaux pratiques. Même si nous étions à distance les uns des autres avec les autres auditeurs, j’ai réussi à tisser des liens avec certains d’entre-deux. Autre point positif : j’ai pu passer mes examens au centre Cnam le plus proche de mon domicile, à Mulhouse. Mais tout n’a pas été simple. Trouver l’équilibre entre le travail, la vie personnelle et la formation n’a pas toujours été évident pour moi. Il y a eu des moments où j’ai eu envie de tout arrêter, mais les encouragements de l’équipe pédagogique, ainsi que le soutien constant de mon conjoint, m’ont aidée à ne pas lâcher. J’ai parfois aussi dû mettre de côté certains événements familiaux pour me concentrer sur la préparation de mes examens, mais je ne regrette pas ces efforts. En résumé, j’ai suivi une formation exigeante, qui m’a beaucoup apporté sur le plan professionnel : elle m’a permis d’enrichir mes compétences techniques, notamment en physique nucléaire, et de renforcer ma légitimité professionnelle dans un domaine aussi exigeant que passionnant.
Lire la suite de notre entretien avec Baraka Hirachi
Comment jugez-vous les outils pédagogiques utilisés dans la formation ?
Les outils mis à disposition par le Cnam étaient adaptés à la formation à distance. Le portail numérique, qui servait de plateforme d’échange et de suivi, m’a notamment beaucoup aidée. Je pouvais y suivre l’avancement de mes inscriptions et la validation de mes unités d’enseignement (UE), ce qui me permettait de garder une vision d’ensemble de mon parcours.
Étant de nature très autodidacte, j’ai particulièrement apprécié d’avoir accès à l’avance à l’ensemble des cours et des supports vidéo. Cela me permettait de prendre un peu d’avance, de comprendre les grands chapitres avant les cours en ligne. Et comme certains cours étaient enregistrés, je pouvais facilement revenir sur les notions que j’avais moins bien comprises. Aussi, certains cours étaient animés par des professionnels ayant une forte expérience dans le domaine de la radioprotection et de la sûreté nucléaire, mais également par des enseignants-chercheurs. Cette diversité d’intervenants permettait d’allier la théorie à la pratique et d’avoir des approches complémentaires très enrichissantes.
Concrètement, en quoi les apports de la formation vous servent-ils aujourd’hui dans votre métier, qui mérite d’ailleurs une petite explication pour les non-initiés ?
Aujourd’hui, j’occupe la fonction de responsable qualité, sécurité, sûreté, radioprotection et environnement au sein de la direction nucléaire d’Eiffage Énergie Systèmes. J’y assure également le rôle de conseiller en radioprotection sur un périmètre défini. En résumé, j’accompagne la direction de l’entreprise dans une démarche d’amélioration continue visant à renforcer les performances, garantir la santé et la sécurité des salariés, réduire l’impact de nos activités sur l’environnement et assurer la satisfaction de nos clients. Et plus concrètement en matière de radioprotection, avec le responsable radioprotection du service que je dirige, je copilote la stratégie de management de la radioprotection (définition de la politique radioprotection, création d’outils de suivi de la dosimétrie opérationnelle, optimisation des processus internes, etc.) ainsi que le maintien de la certification CEFRI de l’entreprise. Cette certification est très importante pour notre entreprise, car elle permet à nos collaborateurs d’intervenir en zone réglementée dans le respect des exigences de sûreté et de radioprotection.
Comment envisagez-vous votre avenir en termes professionnels, voire peut-être en études complémentaires ?
Obtenir ce diplôme a été une grande fierté, mais aussi une vraie leçon d’équilibre entre vie professionnelle, vie personnelle et cours du soir. Cette formation m’a permis d’ouvrir le champ des possibles dans mon parcours et de renforcer mon envie d’innover au sein de mon entreprise. Pour moi, ce diplôme n’est pas une fin en soi, mais le début de nouveaux projets. J’ai envie de continuer à apprendre, à proposer des solutions d’optimisation, et pourquoi pas, un jour, créer un centre de profit dédié à la radioprotection ou mettre en place une formation interne. Ce serait une belle manière de renforcer, au sein du groupe Eiffage, l’expertise de la direction nucléaire dans les domaines de la sûreté et de la radioprotection, et de contribuer activement à faire rayonner notre entreprise dans l’industrie nucléaire. Pour terminer, je souhaite m’adresser à toutes les femmes qui doutent encore, osez franchir le pas ! L’industrie nucléaire n’est pas réservée à un profil type. Les métiers de la radioprotection sont accessibles, et avec de la motivation et de la persévérance, rien n’est impossible.
24 novembre 2025
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