Série Les écoles du Cnam : épisode 6/11

IFFI : dans les vents du froid industriel et du génie climatique

2 juin 2023

Héritier de décennies d’engagement du Cnam sous diverses formes, l’Institut français du froid industriel et de génie climatique (IFFI) voit le jour en octobre 1942. 81 ans déjà ! École de spécialisation adossée à un centre de recherches appliquées en génie frigorifique et en génie climatique (Lafset), l’IFFI forme essentiellement au diplôme de responsable conception, mise en place et maintenance des installations frigorifiques et climatiques.

Pour commencer, de quoi parle-t-on ?

Photo 1L’idée est relativement simple à présenter : le froid industriel, c’est l’abaissement d’une température de la manière la plus efficace possible, d’un point de vue énergétique, environnemental et économique. Trois grandes familles : le froid industriel (usine d’agroalimentaire, par exemple), le froid commercial (par exemple, les grandes surfaces), et la climatisation (bureau, voiture, data center, etc.).  

Dans ce contexte, le diplôme Responsable conception en installations frigorifiques et climatiques est destiné à des techniciens supérieurs pour leur apporter les compétences scientifiques, techniques et méthodologiques indispensables qui vont leur permettre d'évoluer rapidement vers des fonctions d'encadrement et d’expert techniques (metteur au point*, par exemple) . Pas de panique si vous n’êtes que moyennement captivés par les mathématiques : c'est d’abord et avant tout la motivation pour les métiers du froid et de la climatisation qui permet, notamment, de réussir ce cursus de formation. Mais attention, les maths, ça compte quand même…

En dehors de la formation continue que l'Institut français du froid industriel et de génie climatique dispense, et dont la formation est composée de quatre blocs de formation capitalisables avec la possibilité de s'inscrire soit à la totalité de la formation, soit uniquement à certains blocs, d'autres modalités adaptées aux professionnels sont proposées :

  • Les cours du soir : la formation peut se réaliser sur un ou deux ans. Elle débute fin septembre, s'achève début juillet de chaque année, et se déroule sur le site parisien. Cette modalité de formation est destinée principalement aux salariés, demandeurs d'emploi, personnes en reconversion qui souhaitent faire évoluer ou réorienter leurs carrières.
  • Ouverte à la rentrée 2009 à Paris, la section en apprentissage à Paris rencontre depuis un large succès. Aujourd'hui, l'alternance est accessible à Paris, Lyon et Cholet, et est ouverte au moins de 30 ans. L'alternant bénéficie d'une formation gratuite sans aucun frais de scolarité et d'un contrat de travail à durée déterminée avec une rémunération minimum calculée sur la base du Smic en fonction de l'âge. Il est encadré tout au long de sa formation par un tuteur de l'IFFI et par un tuteur de l'entreprise accueillante.
*Le metteur au point effectue essais, réglages et mise au point des installations à partir du dossier d'exécution (schémas, plan, etc.). Il assure aussi la mise en service et peut également réaliser des audits d'installations.

3 QUESTIONS À BRICE TRÉMÉAC, DIRECTEUR DE L'IFFI

Brice TréméacÀ quel point le diplôme Responsable conception en installations frigorifiques et climatiques répond-il aux besoins du secteur ?

Il s’agit d’un diplôme RNCP (diplôme enregistré au Réparatoire national des certifications professionnelles), et donc intrinsèquement structurée pour répondre aux besoins du secteur. La majorité des formateurs sont des acteurs des secteurs socioéconomiques couverts par l’IFFI. Un organe d’évolution des programmes, composé majoritairement des professionnels des secteurs et des syndicats professionnels, se réunit régulièrement afin de discuter de l’adéquation entre les programmes de l’institut et les besoins du terrain. Des ajustements sont régulièrement proposés et mis en œuvre.  

Lire la suite de l'entretien avec Brice Tréméac

L’IFFI n’est pas qu’un institut, il est aussi un centre de recherches appliquées : des innovations en cours de votre côté ?

Pour être précis, l’IFFI n’est pas un centre de recherche, mais il est intimement adossé au Lafset, le Laboratoire du froid et des systèmes énergétiques et thermiques. Centre de recherche appliquée, ce laboratoire propose un ensemble cohérent de compétences scientifiques et techniques pour une meilleure compréhension des systèmes énergétiques et frigorifiques, plus spécifiquement : 1) du composant (échangeur diphasique principalement) au système, 2) de l’expérimental au numérique, 3) du fluide de travail pur ou composé jusqu’à son interaction avec l’huile. Ces compétences sont proposées aux industriels, bureaux d’études, startups, etc. afin de développer de nouvelles innovations aussi bien sur les échangeurs que des outils de modélisation, suivi de performances, etc.
Ainsi, les étudiants de l’IFFI ont accès, en côtoyant des enseignants-chercheurs par exemple, aux dernières innovations des secteurs leur permettant d’être en avance de phase sur les connaissances scientifiques et techniques.
De plus, à partir de cette année, sur Paris, nous allons tester, au sein des locaux du Lafset, des travaux pratiques permettant de couvrir tous les métiers visés par le diplôme. Les étudiants seront alors au cœur de l’innovation !

Vous plaidez pour une présence féminine plus importante dans le domaine du froid industriel et du génie climatique : pourquoi cette démarche ?

Elles représentent la moitié de la population, et nous avons 5% de diplômées à l’IFFI. Sujet qui dépasse l’enseignement supérieur, puisque tout se joue en amont depuis l’enfance, le collège, le lycée. Pourquoi les femmes s’éloignent-elles des métiers techniques ? Nous devons analyser, pourquoi pas avec des collègues du Cnam, les leviers qui permettraient de rendre ces réflexions anachroniques.
L’IFFI forme à des approches réflexives, à confronter les idées, les points de vue : la diversité et la prise en compte de l’ensemble des approches sont des clés indispensables pour les futur(e)s frigoristes afin de relever les défis énergétiques, environnementaux et économiques.
Les syndicats professionnels et certaines grandes entreprises se penchent sur la question à travers des actions de communication, des challenges ou prix dédiés. Un travail de fond est à réaliser. L’IFFI doit y prendre sa part en mettant en avant ses diplômées et leurs réussites, par exemple !