Série Les écoles du Cnam : épisode 7/11

ICH : droit et économie appliqués à l’immobilier

16 juin 2023

Créé en 1960 par le professeur de droit Georges Liet-Veaux, l’Institut de droit et d’économie appliqués à l’immobilier (ICH) entendait alors répondre aux enjeux d’une période exceptionnelle pour l’activité immobilière : fin de la reconstruction de l’après-guerre et vastes opérations de rénovation et d’extension urbaine rendues nécessaires par l’exode rural. 63 ans plus tard, exigence et professionnalisation sont toujours au cœur des programmes proposés par l’institut.

ParisAu départ, l’ICH a vu le jour à l’initiative de diverses professions immobilières (promotion-construction, gestion-transaction, logement social). Le Cnam d’alors a compris tout l’enjeu pour la société française de développer une école capable de former des professionnels aptes à saisir immédiatement les besoins de terrain. Après six décennies, les premiers et le second continuent de se faire confiance ; l’ICH est devenu une référence incontournable auprès des acteurs du secteur.

Aujourd’hui, l’ICH propose deux formations :

- La licence Immobilier : pour donner aux élèves un solide socle de connaissances et compétences immobilières, utile pour l’exercice de toute activité immobilière. Ce cursus permet d'accéder immédiatement aux métiers de la transaction et de la gestion immobilière… ou de poursuivre en master !

- Le master Immobilier : conçu comme le prolongement pédagogique de la licence, il propose, outre un tronc commun d'enseignements immobiliers approfondis, une haute spécialisation dans un des champs professionnels suivants : la promotion immobilière, l’habitat social, l’expertise conseil en patrimoine immobilier et l’immobilier de tourisme et de loisirs.

Les formations ICH sont dispensées dans une quinzaine de centres d’enseignement du réseau Cnam, dont trois ultramarins. La plupart des élèves (et donc des diplômés) sont des adultes exerçant une activité immobilière ou en reconversion et se formant « à la carte ». À côté de ce public traditionnel, se développe de manière importante depuis quelques années, celui des jeunes en contrat d’alternance.

Le secteur de l’immobilier : de belles perspectives de carrière !

Le cabinet d'audit financier et de conseil Ernst & Young et la Fondation Palladio Agir pour la construction de la ville de demain ont publié en mars dernier le 7e Panorama de l’immobilier et de la ville. Le secteur constitue la première filière industrielle française (10,8% du PIB hexagonal en 2022), employant plus de 2,3 millions de personnes dans huit grands secteurs : architecture, urbanisme et aménagement ; commercialisation ; construction des bâtiments ; expertise et conseil ; gestion de l’immobilier ; ingénierie et prestations techniques ; investissement et financement ; promotion immobilière.

Rien qu’entre 2021 et 2022, l’industrie de l’immobilier et de la ville a créé près de 90 000 emplois. Cependant, les entreprises ont du mal à fidéliser leurs salariés. L’an dernier, le turnover observé a été particulièrement éprouvant concernant les profils expérimentés. Les exigences salariales sont à la hausse. Résultat : 74% des dirigeants du secteur prévoient de recruter dans les trois prochaines années. Dans le même temps, la filière est attractive auprès des jeunes générations. 70% des étudiants estiment que les acteurs de l’immobilier et de la ville ont pris conscience de l’urgence climatique, même si seulement 21% jugent les actions déployées à ce jour à la hauteur de l’exigence.

Ceci dit, rejoindre l’industrie de l’immobilier et de la ville apparaît comme un « beau terrain de jeu », un levier majeur pour s’engager contre le réchauffement climatique. Enjeu qui n’a pas échappé à l’ICH, dont les formations intègrent évidemment cette thématique désormais incontournable.

3 QUESTIONS À GILLES GODFRIN, DIRECTEUR DE L'ICH

Gilles GodfrinEn quoi les deux formations principales de l’ICH (licence et master en immobilier) répondent-elles aux attentes des professionnels de terrain ?

Les cursus ICH, composés traditionnellement de trois certifications professionnelles de niveau 6 (bac+3/4), viennent d’être refondus et basculés dans le système européen licence-master-doctorat (LMD). Cette réforme permet de proposer sur le marché de l’emploi les deux niveaux de formation recherchés par les recruteurs : bac+3 (la licence) pour les activités immobilières de négociation-transaction, de gestion locative ou de gestion de copropriété ; bac+5 (le master) pour les métiers à plus haute technicité : montage d’opérations immobilières, gestion d’actifs immobiliers, expertise en valeurs immobilières... Le contenu des formations de l’ICH accordent une place majeure à l’étude du cadre juridique des diverses activités immobilières, gage de sécurisation mais aussi de performance économique. Par ailleurs, la problématique de la soutenabilité environnementale, tant à l’échelle du bâtiment qu’à celui de la ville, est particulièrement développée. Ce sont deux attentes importantes des recruteurs.

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On a vu que le secteur immobilier est la première filière industrielle française : comment peut-il se montrer plus attractif pour le recrutement ?

Les métiers de l’immobilier ont moins un déficit d’attractivité qu’un déficit de connaissance. Alors que le grand public pense immédiatement à l’agent immobilier, il existe un grand nombre d’activités immobilières mobilisant des compétences pointues et des aptitudes variées. Tel est notamment le cas des métiers du montage d’opérations de construction ou d’aménagement ou de l’expertise-conseil. Le sentiment de participer à une œuvre d’intérêt général (améliorer le fonctionnement urbain, loger les populations, prendre soin de l’espace en tant que ressource non renouvelable) peut contribuer à l’attrait de ces emplois. Le Salon des métiers de l’immobilier et de la ville (FMIV), qui se tient chaque année en février, est un lieu majeur pour faire connaître, notamment aux plus jeunes, le vaste monde professionnel de l’immobilier.

Enfin, quels sont les objectifs attendus concernant le changement climatique, le secteur étant en première ligne ?

La lutte contre le dérèglement climatique, et plus largement la prise à bras-le-corps des problèmes environnementaux (chute de la biodiversité, gaspillage de l’espace, pollution des milieux terrestres et aquatiques), est effectivement l’enjeu majeur des métiers de l’immobilier dont les pratiques connaissent une mutation majeure. Il est heureux de constater que ces évolutions ne sont pas seulement l’effet de la contrainte réglementaire mais aussi celui d'une véritable prise de conscience, même chez les professionnels de l’aménagement qui proposent aujourd’hui de produire des terrains à bâtir sans artificialiser des espaces naturels et agricoles.