Du côté de la Bourgogne-Franche-Comté

Déploiement du master Management de projet et d’affaires

2 juin 2023

Le master MPA existe au Cnam depuis plus de vingt ans. Jusqu’ici, il était déployé dans deux régions métropolitaines et à l’international. L’originalité de son ouverture au Cnam Bourgogne-Franche-Comté (BFC) tient aux filières pour lesquelles il y sera proposé dès octobre prochain : agriculture, agroalimentaire, forêt et bois. Quatre secteurs représentatifs du tissu économique local nécessitant des cursus au-delà des traditionnelles licences professionnelles qui leur sont dédiées.

MPA1Dans sa forme traditionnelle, c’est-à-dire généraliste, le master Management de projet et d’affaires a pour mission de former des professionnels souhaitant accéder au métier de chef de projet. Il s’articule ainsi autour d’unités d’enseignement liées à la conduite de projets, qu’ils soient simples ou complexes, pilotés sous les angles stratégique, juridique, financier et commercial, et propices au développement des compétences relationnelles nécessaires à l’animation d’équipe et au leadership. Une véritable boîte à outils pour gérer un projet de A à Z, depuis sa création jusqu’à sa réalisation !

Dans sa forme régionale, c’est-à-dire adaptée aux besoins économiques du territoire de la région BFC, 50% des enseignements du master MPA – du marketing à la gestion RH en passant par le management d’entreprise – seront dispensés sous l’angle de la thématique agri-agro-forêt-bois. Un pourcentage porté à 80% pour le mémoire final et sa méthodologie. Un tel engagement souligne le besoin de cette région de former des salariés qualifiés, capables de porter de gros projets, régionaux et surtout nationaux et internationaux.

ForêtIl faut dire que la Bourgogne‐Franche‐Comté est la région de France métropolitaine où le poids de la filière forêt-bois dans l’économie régionale est le plus fort : 1,73 million d’hectares de forêts, soit 11% de la forêt française, 4 630 entreprises pour plus de 19 000 salariés, soit 2,2 % des salariés de la région. Dans le même ordre, l’agriculture-agroalimentaire a une place de choix sur le territoire : une grande diversité de filières agricoles – production laitière, AOP fromagères mondialement reconnues, comme le Comté, l’Époisses ou le Morbier, et élevage – représentant 42 000 emplois.

Master MPA en BFC : pour qui ? comment ?

AgriLe programme de master est proposé à la fois en formation continue et en alternance (à Besançon, au centre de formation professionnelle et de promotion agricoles de Châteaufarine) : pour les salariés en quête de qualification ou de reconversion, s’agissant de la formation continue, et pour les alternants souhaitant aller au-delà d’une licence pro déjà acquise auprès du centre régional du Cnam en BFC. À ce propos, une remise des diplômes aura lieu mi-juin pour les filières agri-agro-forêt-bois pour les diplômés de l’année universitaire 2021-2022. Sept promotions seront récompensées, toutes de niveau licence : Ingénierie et construction bois, Productions animales, Conseiller forestier, Gestion des organisations (spécifiques aux filières agri-agro), Produits laitiers, Conception et production des aliments, Qualité-sécurité alimentaires. Certains des diplômés rejoindront les bancs du nouveau master dès le mois d’octobre… et les entreprises les attendent de pied ferme !

En effet, les compagnies du secteur s’attachent à fidéliser leurs futures ressources et sont aujourd’hui prêtes à s’engager pour plusieurs années sur des contrats d’apprentissage. Elles ont besoin de profils polyvalents, professionnalisés et innovants, aptes à gérer différents services et projets avec une dimension transversale. Les partenaires ont besoin de cette approche afin de répondre aux exigences économiques et environnementales qui s’annoncent, qui donnent naissance à des projets dont l’articulation requiert des compétences générales et spécifiques aux filières locales.

3 QUESTIONS À CHRISTOPHE DECREUSE, DIRECTEUR RÉGIONAL DU CNAM EN BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ

Christophe DecreuseÀ quel point l’arrivée du master MPA en région BFC est-elle une bonne nouvelle pour le tissu socioéconomique local ?

Le Cnam en Bourgogne Franche-Comté et son partenaire, le CFAA du Doubs, proposent depuis une dizaine d’années maintenant ses trois licences (production animale, forêt et gestion des organisation agro-agri) en alternance avec un succès désormais confirmé et attirant des candidats de la France entière. Ces diplômés, armés de compétences pointues dans leur domaine, sont amenés à évoluer rapidement vers la gestion des périmètres qui demandent une dimension transversale de management des affaires et de projets. Or, les entreprises partenaires sont unanimes, trop peu de formations postbac+3 dans ces domaines existent sur notre territoire.
En effet, la conduite des exploitations agricoles devient de plus en plus complexe et exige plus de compétences. Nous défendons l'idée de toujours faire progresser le niveau de formation des jeunes agriculteurs qui prévoient de s'engager dans le métier, ainsi que des personnes qui les conseillent d’un point de vue financier, par exemple. De la même manière, avec les impacts grandissants des changements climatiques, la gestion forestière est réinterrogée et exige de nouvelles compétences.
Ce master du Cnam apporte une continuité logique et naturelle aux licences que nous dispensons et concerne pleinement la transformation de ces métiers. Proposer cette formation s’inscrit dans notre logique de continuum de formations cohérent, sécurisant et fidélisant que nous prônons dans notre région.

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Pour ce master en BFC, 50% de chaque cours seront axés sur les filières agri-agri-forêt-bois : la gestion de projet dans ce secteur d’activité est-elle a priori si différente par rapport à une autre filière ?

L’une des richesses de nos formations au Cnam est, en accord avec les responsables nationaux, de pouvoir apporter une coloration, une identité afin de répondre de manière quasi chirurgicale aux besoins de formations d’un territoire, d’un secteur d’activité et des entreprises partenaires. Ce master vient donc « en clé de voûte » du continuum des formations déjà proposées en premier cycle en apportant cette coloration agro, agri et forêt tout particulièrement dans les UE à projets. Nous souhaitons renforcer la haute technicité déjà acquise et l’enrichir grâce à la gestion de projets et d’affaires à travers plusieurs volets pour démultiplier les perspectives de carrière, ce qui permet aux apprenants de continuer le cursus de professionnalisation avec des compétences supplémentaires, notamment d'analyse et de compréhension. Au final, ce master propose une vision à 360° du management de l’entreprise, axé sur la polyvalence et la faculté de proposer une compréhension de tous les domaines d’activité de l’entreprise.
Mieux comprendre le contexte des marchés agricoles mondiaux et l’impact sur l’agriculture locale, construire des filières agricoles fiables et robustes, étudier la viabilité des circuits courts de distribution, maîtriser les productions en polyculture d’élevage, prendre en compte les risques d’aléas climatiques sur nos cultures et nos forêts, sont autant de défis à relever que ce master propose aux apprenants.

Enfin, quelles sont les ambitions du Cnam établissement et du Cnam BFC pour ce master ?

L’ambition de ce master va bien au-delà du simple fait de venir enrichir notre « base » de l’offre nationale des formations et de répondre à des besoins spécifiques. En effet, on lui associe une réelle volonté d’intégration, de collaboration et d’innovations pédagogiques. Par exemple, nous travaillons avec le Cnam EP (établissement public) et d’autres centres régionaux pour constituer des équipes pédagogiques hétérogènes en terme des profils (intervenants professionnels, enseignants-chercheurs, professeurs du Cnam et d’université) afin de diversifier les points de vue et partager la richesse des expériences. Mais nous souhaitons également que ces équipes intègrent des spécialistes, des « pointures » du domaine – sur le plan national, voire international – qui interviendront à distance dans une logique de formations hybrides. Et ainsi constituer une « task force » pédagogique qui pourrait opérer sur d’autre formations du Cnam en agro, agri et forêt.
Ce master puise aussi son originalité dans la diversité des partenaires concernés et plus particulièrement les collectivités, l’ONF, les coopératives forestières, les organisations professionnelles (chambres d’agriculture, syndicats agricoles, FIBOIS, Union nationale des entreprises du paysage, etc.) ou les organismes para-agricoles (centres de gestion, banques, établissements chargés du contrôle de la performance ou de la sélection animale). L’alternance reste un choix stratégique pour ces partenaires pour former leurs ressources d’aujourd’hui et de demain en temps partagé, et contribue à répondre aux problématiques de recrutement que rencontrent les entreprises sur leur secteur d’activité.
Enfin, notre région, forte de huit départements, a des frontières communes avec la Suisse, l’Île-de-France, le Centre-Val de Loire, le Grand-Est et l’Auvergne-Rhône-Alpes, ce qui lui confère un profil particulier et central avec un bassin orienté vers l’agriculture, l’agroalimentaire et la forêt. Il semble donc pertinent de faire évoluer notre offre pour répondre aux besoins des futurs diplômés et des entreprises, et correspondre aux enjeux stratégiques du Cnam.