Au Cnam, les élèves fabriquent aussi des micros-fusées!
2 juin 2023
Équipements, métallurgie, maintenance : la filière aéronautique et spatiale française emploie plus de 260 000 salariés, au sein de de 4 500 sociétés dégageant un chiffre d’affaires de plus de 106 milliards d’euros. 7% des emplois industriels en France sont regroupés dans ce secteur*. Si, pour compléter le tableau, on cite Airbus et Ariane, on comprend à quel point aéronautique et espace sont stratégiques pour l’économie de l’Hexagone.
C’est dans ce contexte à la fois complexe mais aussi porteur de nombreuses possibilités d’innovations que les élèves du titre d’ingénieur Aéronautique et espace ont donc dû relever (histoire de s’entraîner pour plus tard) le défi : construire – et faire s’envoler – une micro-fusée. Des groupes de deux avec, pour ce cru 2023, trois contraintes précises : un moteur imposé, une altitude maximum à atteindre, enfin une vitesse de chute à maintenir.
Pour cela, chaque groupe devait, en s’appuyant sur les éléments de base appris en cours, construire leur propre micro-fusée. Pour analyser la trajectoire de vol, chaque groupe devait d’abord réaliser une simulation numérique du vol puis la comparer aux mesures des capteurs embarqués relevant l'orientation et l'accélération de leur lanceur. Comme l’an passé, les tirs ont été réalisés le 17 mai dernier sur le terrain de l'Aéromodèle club de Vémars, à Saint-Witz, dans le Val-d'Oise.
Le titre d’ingénieur Aéronautique et espace
Ce titre d’ingénieur en poche, les apprentis peuvent ensuite évoluer au sein des grands groupes et PME françaises, européennes et internationales. La formation leur permet d’interagir avec l’ensemble des composantes spécifiques liées au développement d’un produit ou système pour l’aviation ou le spatial grâce à un bagage pluridisciplinaire, avec une intégration rapide au sein de projets industriels innovants de grande envergure et d’être au cœur des évolutions aéronautiques et spatiales de demain.
Le cursus ingénieur Aéronautique et espace, formation en alternance basée sur le site du Landy (Saint-Denis) à deux pas du Stade de France et dispensé en partenariat avec Ingénieurs 2000, a été créé en 1991 par la volonté de six grandes entreprises nationales – Snecma, Thomson, Usinor-Sacilor, EDF-GDF, Schneider et Renault – en association avec le Cnam et le Groupement des industries métallurgiques de l’Île-de-France. Il est par ailleurs soutenu par le GIFAS (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales) et la multinationale française Safran, né de la fusion en 2005 de Snecma et Sagem.
Chiffres : source Insee - La filière aéronautique et spatiale en France en 2020 (rapport publié le 1er décembre 2021).
3 QUESTIONS À SIMON MARIÉ ET ANTOINE LEGAY, RESPONSABLES DU TITRE D'INGÉNIEUR AÉRONAUTIQUE ET ESPACE
Construire une micro-fusée, cela doit être motivant pour vos jeunes apprentis ingénieurs ?
Oui, ils sont vraiment dedans ! C’est une occasion pour eux de mettre en pratique de nombreuses notions que l’on voit en cours. On leur donne quelques éléments, et ils font le reste. Ils sont vraiment actifs, leur fusée devient vraiment leur création, et ça leur donne envie de comprendre en détail chaque étape de la conception. Dans ce genre de projet, la moindre erreur est énormément formatrice. Et du coup ils apprennent beaucoup ! Mais à la fin, ils repartent en ayant vraiment compris toutes les étapes.
Au-delà de la micro-fusée, à quoi formez-vous vos élèves ? De quoi seront-ils capables ?
Ce type de projet est vraiment pluridisciplinaire. De la modélisation à la fabrication en passant par la conception, la gestion de projet, le traitement et l’analyse de données, ils se confrontent aux exigences d’un véritable ingénieur. La campagne de tirs est également un moment très fort dans le projet, on voit comment ils réagissent aux problèmes de dernière minute, à tout ce qu’ils n’avaient pas prévu. On retrouve ça partout dans le vie professionnelle !
Quels sont les défis que la filière Aéronautique et espace aura à relever demain, notamment en termes de transition écologique ?
C’est sûr que la filière est en pleine mutation ! Il va falloir clairement revoir le modèle en redéfinissant nos besoins et les solutions pour y répondre. Pour ça, il faut des ingénieurs critiques, capable de proposer des alternatives, de s’adapter aux exigences énergétiques de demain. Les nouvelles générations qui arrivent sont très sensibles à ces problématiques, à nous de leur donner les bons outils et les bonnes compétences pour relever ces défis.